La concordance des cordes

Considérées aujourd’hui comme des pièces incontournables du répertoire classique, les Suites pour violoncelle seul de Jean-Sébastien Bach ont très longtemps souffert d’une discrimination aussi scandaleuse qu’inexpliquée. Il faut en effet attendre le XXe siècle et le talent novateur d’un Pablo Casals ou d’un Mstislav Rostropovitch pour que ces suites élégantes et vaporeuses ne restent pas sans suite et acquièrent une notoriété amplement méritée...

Ce sont donc trois d’entre elles que l’émouvante et virtuose Noémi Boutin vous interprétera avec son instrument de prédilection : la n° 1 (qui est de loin la plus connue, car maintes fois reprise au cinéma et à la télévision), la n° 3 (qui suit logiquement la n° 2) et la n° 5 (d’un goût plus français que ses copines, toutes inspirées par le style italien). Mais si ces suites ont bien été écrites pour violoncelle « seul », Noémi Boutin, elle, ne le sera pas du tout...

Parce que, sur scène, ces trois bijoux de la musique baroque seront sertis par trois tableaux vivants réalisés par le circassien, équilibriste et danseur Jörg Müller. Pour accompagner la première, cet artiste hors normes défiera les lois de la pesanteur en maintenant par on ne sait quel miracle une petite bougie allumée à l’extrémité d’une perche. Pour accompagner la troisième, il fera voltiger des tubes qui se frôleront et tournicoteront comme dans un manège enchanté. Et pour accompagner la cinquième, il accomplira toutes sortes d’acrobaties pendant que la hardie Noémi, elle, se verra littéralement suspendue dans les airs. De quoi, donc, vous faire planer à quelques mètres au-dessus du sol, vous aussi, à l’issue de ce triptyque atypique et pas toc...