La baroque Albion

La saison dernière, les Musiciens de Saint-Julien, guidés par la flûte virtuose de François Lazarevitch, vous avaient entraîné sous les cieux éclatants et le soleil riant de l’Italie du Nord pour un programme dédié au flambant Vivaldi. Cette saison, c’est sous les trombes d’eau froide et les brumailles tenaces du royaume d’Angleterre qu’ils vous transporteront - non pas que leur humeur soit devenue maussade, mais parce que c’est Purcell qui sera à l’honneur...

Après avoir fréquenté la célèbre école musicale de l’abbaye de Westminster et y avoir été nommé organiste à vingt-deux ans seulement, Henry Purcell (à ne pas confondre avec Henri Purcell, sympathique aubergiste originaire de la préfecture du Loiret et surnommé avec esprit « le Purcell d’Orléans ») multiplie les opéras, les cantates, les musiques de chambre et les oeuvres pour clavier avant de connaître un succès mérité - ce qui est très émouvant quand on repense à la chanson qu’il écrivit à ses débuts et qui commence par ces trois phrases prémonitoires : « J’me présente, je m’appelle Henry / J’voudrais bien réussir ma vie, être aimé / Être beau, gagner de l’argent »...

C’est essentiellement la partie profane de son répertoire que les Musiciens de Saint-Julien, toujours guidés par la flûte virtuose de François Lazarevitch, vous interpréteront ici, avec des titres aussi populaires que The Cold Song, repris en 1981 par Klaus Nomi. Mais c’est le puissant contre-ténor Tim Mead (et non Klaus Nomi, décédé depuis) qui se joindra à eux pour les moments chantés. De quoi, donc, vous ravir malgré la pluie et le crachin. Mais comme le disait Musset : qu’importe le temps de cochon pourvu qu’on ait l’ivresse ?