Western nouille

Ancien reconstitueur de palettes (on ne sait pas trop en quoi ça consiste), Serge Badoz a connu les affres du chômage technique et de la souffrance sociale jusqu’à ce qu’une conseillère Pôle Emploi particulièrement avisée lui suggère de reprendre la direction du Cinémarama, seul cinéma itinérant de la région. Grand admirateur des films de Sergio Leone devant l’Éternel, Serge Badoz a sauté sur l’occasion (mais pas sur la conseillère, Serge Badoz ne connaissant pas du tout les pulsions prédatrices d’un Harvey Weinstein) et c’est ainsi que le reconverti professionnel sera en mesure de vous offrir, séance tenante (mais payante, évidemment), Le Bon, la Brute et le Truand...

« Bof. Mater un truc qui est sorti en 1968 et qui est rediffusé tous les quatre matins à la télévision, non merci » : voilà sans doute ce que vous vous dites. Sauf que vous n’y êtes pas, mesdames, messieurs, mais alors pas du tout. Parce que Serge Badoz ne se contentera pas de projeter ce chef-d’œuvre ouest-germano-hispano-italien sur une toile blanche, non, il fera bien mieux que ça : avec dix planches, vingt cagettes de légumes et trente ballons de baudruche, sans oublier un morceau de corde et deux ou trois cure-dents, il reconstituera, à mains nues et sans assistance, les moments cultes de ce film culte en incarnant tous les rôles principaux (et même les secondaires)...

C’est donc à une version artisanale, mais totalement maîtrisée et follement inventive, des tribulations de Blondin, de Ramirez et du sergent Sentenza à
travers les étendues désertiques et sableuses du Texas que vous assisterez - et il n’y a aucune honte à préférer, de temps en temps, la copie à l’original...