In situ veritas

Larsen Love n’est pas le nom d’une discothèque favorisant les rencontres amoureuses nouvellement implantée au Mans, mais le titre d’un spectacle d’improvisation poétique et sonore créé par l’ingénieure-son Sophie Berger (qui s’occupera, comme on peut s’en douter, de la partie sonore de l’affaire) et l’écrivain Fabrice Melquiot (qui, lui, se coltinera plutôt la partie poétique).

Ces deux performers prendront place derrière leurs postes de travail, sur un carré évoquant un ring de boxe, à trois mètres de distance l’un de l’autre, et attendront que vous soyez bien installé sur une chaise, un pouf ou même un transat (votre théâtre ne reculant devant rien pour assurer votre confort) pour vous demander de leur jeter en pâture sept mots piochés, au hasard, dans des recueils mis à votre disposition. Et c’est là que le Keith Jarrett de la plume et que l’Ella Fitzgerald de l’ampli se jetteront dans le bain de l’impro...

Pour commencer, Fabrice Melquiot répétera comme un mantra ces mots que Sophie Berger déformera à coups de delay ou de réverbération. Et puis Fabrice Melquiot brodera autour d’eux, faisant jaillir des vers, pendant que Sophie Berger puisera dans sa sonothèque personnelle de quoi lui répondre. Et ainsi, d’esquisse en esquisse, d’écho en écho, l’écriture irriguant le son et le son irriguant l’écriture, s’entrouvriront des paysages, se dessineront des images, s’affirmeront des rythmes, s’élaborera un poème sonore et textuel dans ce qui, au final, ressemblera moins à un ring de boxe qu’à un chantier à ciel ouvert. Et tout ça en dix minutes, soit le temps de cuisson d’un oeuf dur - mais avec Larsen Love, vous aurez davantage à vous mettre sous la dent...