Le poids des mots, le choc des kilos
Dans sa famille, tout le monde était en surpoids, même le chat. Quand on parlait de lui, on ne l’appelait jamais par son prénom : on disait le petit bouboule qui habite dans le lotissement. Et on lui pelotait régulièrement la tête, comme on tripote un porte-bonheur. C’est fou tout ce qu’on se permet de faire avec les petits gros...
De qui s’agit-il ? De Sylvain Levey, un auteur contemporain, qui a voulu raconter son parcours, de sa naissance jusqu’à aujourd’hui, dans un monologue au titre explicite qu’il interprétera lui-même (mais sous le regard vigilant du metteur en scène Matthieu Roy) et où il dira tout de ses efforts jamais récompensés pour infléchir le cours de la balance. Mais pas seulement : parce qu’un jour, le petit bouboule a découvert Tchekov, Koltès, Lagarce. Et qu’il a su tout de suite qu’il allait se traîner, en plus de son sac de graisse, un sac de mots, nettement plus utile et nettement moins encombrant...
C’est dans une cuisine et à son retour du supermarché que vous pourrez entendre Sylvain Levey vous raconter cette autobiographie romancée ou cette romance autobiographique, au choix, au fur et à mesure qu’il déballera ses produits et préparera sous vos yeux un alléchant repas. Aurez-vous le droit de goûter ? Le repas, non, mais la pièce, oui, qui vous donnera envie d’y retourner, comme on dit d’un plat dans lequel on replongerait volontiers sa fourchette, tant elle se distingue, malgré son sujet, par la plus fine des légèretés...