Le nombre et le genre
Longtemps, Nadia Simon et Clelia Vega ont un du mal à choisir un titre pour leur spectacle : Women, puisque leur ambition est de décrire la réalité de ce que les femmes vivent depuis toujours (et aujourd’hui encore) ? Ou bien No men, puisque les hommes, de ce spectacle, seront exclus ? Finalement, elles ont opté pour Women Omen, une bien jolie contraction qui, en outre, a le mérite de faire surgir le mot latin omen, qui signifie « présage » - un peu comme si les deux artistes allaient se pencher sur les viscères d’un piaf ou les entrailles d’une poule pour tenter d’y décrypter l’avenir du féminisme...
Dans cette pièce musicale en plusieurs langues élaborée à partir de textes engagés écrits par des femmes de toutes époques et de toutes nationalités confondues, les deux compositrices-interprètes vous chantonneront donc, ou vous déclameront, ou vous hurleront, ou vous murmureront les mots de la française Simone de Beauvoir, de la franco-tunisienne Gisèle Halimi, de la britannique Virginia Woolf, de l’américaine Maya Angelou, de la canadienne Rupi Kaur ou du grec Yánnis Rítsos (tiens, mais qu’est-ce qu’il fout là, lui ?)...
Sur le plateau, avec leur basse et leur guitare respectives, de part et d‘autre d’un tableau lumineux et d’un fil à linge rouge où seront accrochés, comme une collection de fétiches, des phrases ou des images emblématiques de leurs puissantes inspiratrices, ces deux adeptes de l’art divinatoire tisseront également des liens entre leurs vivifiantes lectures et leur propre existence afin de faire apparaître, derrière leur musique brute et éclectique, le portrait miniature d’une femme majuscule - qui plie, certes, mais jamais ne rompt...