Les bricolos du ventilo

78,08% de diazote, 20,95% de dioxygène et moins de 1% d’autres gaz comme l’argon, le néon, le krypton, le xénon, le méthane et le dioxyde de carbone : voilà précisément de quoi est composé l’air que nous respirons, que l’on soit asthmatique, bronchiteux, poitrinaire ou en pleine forme...

Mais de quoi est composé Vento, cette création du groupe ZUR dont l’air est justement la matière première ? D’images fantasmagoriques projetées sur des écrans volants, de boucles sonores hypnotiques engendrées par la fréquence des pales d’énormes ventilos, d’improvisations rythmiques à la kora malienne ou à la batterie française, de protagonistes en chair et en os se déplaçant dans un espace qui semble n’avoir plus aucune consistance, de paysages en trompe-l’oeil aux fallacieuses perspectives - bref, de tout un tas de phénomènes sensoriels qui vous estomaqueront ou, plutôt, qui vous suffoqueront comme si vous faisiez une petite crise d’hyperventilation...

Le but du groupe ZUR n’est pourtant pas de vous pousser à consulter de toute urgence votre pneumologue, mais de vous embarquer dans un long rêve éveillé, un grand film vivant dont vous serez, oui, au même titre que ce funambule qui évolue sur un trapèze immatériel ou cette danseuse qui traverse une bâche en plastique comme un couteau une motte de beurre, un acteur à part entière. Élaborer tout un spectacle à partir d’un élément aussi invisible et imprévisible que l’air, c’est déjà tout à fait remarquable. Mais vous faire entrer à 50% dans sa composition, ça relève carrément du record, de l’exploit, du fait d’armes qui n’est vraiment pas courant (d’air)...