La prise de galon

Le 25 juin 2018, Vincent Dedienne fait sa dernière chronique à Quotidien, la cultissime émission de télévision de l’animateur savoyard Yann Barthès. Quatre jours plus tard, le 29 juin 2018, il effectue la dernière représentation de son premier one-man-show, S’il se passe quelque chose, à Bordeaux, capitale de la province de Gaule aquitaine sous l’Empire romain. Et depuis ?

Depuis, Vincent Dedienne a été nommé directeur marketing de Decathlon France où il a créé la « carte cadeau isotherme » ; il a publié un best-seller, Un amour majuscule, dans lequel il retrace sa longue histoire d’amour avec Bernard Pivot ; et il a sorti un album, devenu disque de platine, de reprises de chansons d’Hugues Aufray dans lequel il s’accompagne lui-même à la flûte.

Non, c’est faux. Depuis, Vincent Dedienne a écrit son deuxième spectacle, Un soir de gala, dans lequel il s’éloigne de la dimension autobiographique du précédent pour animer sur scène une imparable galerie de personnages, du chorégraphe qui tyrannise ses élèves au journaliste de radio cocaïné et odieux avec ses collaborateurs en passant par la vieille bourgeoise esseulée et cocue qui déballe ses états d’âme à sa femme de ménage. Le résultat est un mélange explosif d’absurdité, de crétinerie et de méchanceté réunies, un jeu de massacre virtuose porté par une écriture à la fois subtile et acérée et un jeu étudié (Vincent Dedienne n’a pas fait l’École nationale supérieure d’art dramatique de la Comédie de Saint-Étienne pour rien). Précipitez-vous à ce seul-en-scène qui plane nettement au-dessus des autres : son auteur fuira après les planches pour s’engager définitivement dans la Royal Navy...

Un véritable bijou, accessible, drôle, émouvant et excellemment bien écrit.   

Le Parisien