Riz amer

Du riz jasmin au riz gluant, du riz noir au riz rouge, de la balle de riz au son à la soupe claire au riz ferme, de la nouille au risotto : avec ses milliers de variétés et de préparations culinaires, on comprend pourquoi le riz est un sujet de discussions illimitées au Cambodge.

Mais le riz, on peut en faire autre chose que l’ingérer : car ce grain minuscule, fluide et malléable, peut être façonné comme du sable, déversé d’en haut comme de l’eau et même peint : c’est ce qu’a bien saisi la compagnie de cirque cambodgienne Phare Circus qui vous narrera donc le parcours initiatique d’un personnage, inspiré d’une allégorie de la vie de Bouddha, en utilisant toutes les ressources et les propriétés de cette céréale des Poacées, très riche en amidon.

Le spectacle s’ouvre sur un immense mandala de riz, symbole d’un univers prospère et harmonieux. Mais voilà qu’un fils à papa (c’est un prince) arrive comme un cheveu sur la soupe (cambodgienne) et profane cet équilibre sacré, faisant s’abattre sur lui une malédiction carabinée. Forcé dès lors de subvenir à ses besoins, il se lancera dans le commerce du riz qui envahira bientôt tout le plateau et s’y jettera même corps et âme, puisque vous le verrez plonger, nager, se vautrer et risquer de mourir enseveli dans cette montagne d’or blanc. Rajoutez à cette histoire édifiante six autres artistes rompus à la barre russe et à la bascule coréenne, deux musiciens maniant bombardes, cithares et carillons et un peintre pouvant réaliser des fresques gigantesques sur de microscopiques grains, et vous aurez une idée de la richesse de cette proposition familiale et festive qui ne vous remplira pas les poches mais vous en mettra plein les yeux, ce qui, pour cette Asie contemplative, est nettement mieux...