Au départ, il y a le désir d’écrire une fiction sur les identités de genre. Les possibilités de genre contenues dans le corps d’ELLE. Peut-être pour mettre au jour les mécanismes d’oppression qui nous empêchent ? Peut-être pour imaginer l’union hétérosexuelle comme utopie ? Pour proposer un récit et des images nouvelles de ces identités contemporaines ?

DRAG YOU est une fiction qui traverse les frontières du genre, à partir d’un fait minuscule de la vie quotidienne. Un soir, à table, à la fin du repas familial, la pensée se met en route. ELLE s’interroge : que se passe-t-il dans la tête de l’adolescent.e assis.e en face d’ELLE qui proclame la propriété de son corps et la liberté de le genrer comme iel le désire ? Et son corps à ELLE, alors, est-ce qu’il lui appartient ? L’histoire de son corps et de sa vie sociale s’est-elle construite de façon consentie ou subie ? Dans cette épopée intime, un fantasme de métamorphose va naître en ELLE. Qu’est-ce que c’est, ELLE ?

Dans cette « nage dans les eaux du genre », nous citons cette phrase d’Heiner Müller : Notre angoisse fondamentale est l’angoisse de la métamorphose, angoisse que quelque chose devienne autre – et la pire angoisse que nous-mêmes devenions autre. Mais nous devenons autre. Ce qui serait normal, ce serait la curiosité de cette métamorphose, mais elle est toujours recouverte par l’angoisse.

Surtout, que le récit intérieur né dans ce début de nuit ne se dissolve pas. Car par cette rêverie imaginaire que le plateau rend bien réelle, ELLE va trouver en elle des ressorts de puissance. Va-telle découvrir une singularité d’elle-même qu’elle ignore ?

Cécile Backès – Magali Mougel

IL Y A UNE LUTTE DES CORPS DES IDENTITÉS DES PEAUX COMME IL Y A UNE LUTTE DES CLASSES. TU NE VOIS PAS QUE TU PARLES AVEC UNE LANGUE FRANÇAISE QUI A RÉTRÉCI AU LAVAGE?