Le blues du businessman

Cinq ans après la sortie de son sixième album intitulé Mouhammad Alix, en hommage au roi du ring, dans lequel il prouvait que les mots, quand ils sont travaillés et peaufinés comme les siens, peuvent avoir la force de frappe d’un uppercut, et trois ans après la parution de son dernier opus intitulé, lui, J’rap encore, ce dont on n’avait jamais vraiment douté, la figure de proue du rap politique entame aujourd’hui une tournée qui regarde délibérément dans le rétroviseur, intitulée Mélancolique Tour...

Dans cette série de concerts intimistes et acoustiques, sans déluge de décibels et sans pirouette artificielle, le pilier du hip-hop hexagonal (avec Jul, évidemment, mais littérairement comme musicalement, ce n’est pas la même chose) reprendra les titres les plus emblématiques de ses vingt ans de carrière et en profitera aussi pour mettre en musique les textes de grands personnages politiques qui ont laissé une empreinte dans l’Histoire (au rang desquels ne figureront ni Kim Jong-un ni Donald Trump, à moins que Kery James ait changé son fusil d’épaule au cours des derniers mois)...

Sachez également que ce récital auquel vous ne manquerez pas d’assister n’est que la partie émergée de ses activités créatrices, puisque, entre les enregistrements de ses albums et ses triomphales tournées, le gars trouve encore le temps de jouer dans des pièces de théâtre, de réaliser quelques longs-métrages de fiction et de multiplier les engagements citoyens dans les quartiers populaires en y promouvant l’éducation auprès de la jeunesse. De quoi s’exclamer, devant tant d’énergie et de talent polymorphe : « Oh ! La vache, Kery ! » (blague réservée aux amateurs de crème de gruyère)...