La vie vaut bien une messe

Après l’enquête œnologique Savoir enfin qui nous buvons, la performance crayonnée Chunky Charcoal et la fiction animalière Gus, l’artiste originaire du Mans Sébastien Barrier revient chez lui (et donc chez vous) pour brosser le portrait de cinq personnes qui l’ont profondément marqué et qui, toutes, ont refait surface après avoir sombré dans les eaux noires de la mélancolie.

Qu’il s’agisse de son père qui plongea un dimanche, comme ça, d’un coup, sans rien voir venir, dans une sévère dépression ; du poète Georges Perros qui cachait derrière sa langue dépouillée et lyrique une quantité excessive d’addictions ; du curé de Morlaix qui cessa un jour brusquement son office pour aller se jeter dans le vide et qui fut sauvé par de providentiels buissons amortissant sa chute ; ou bien du duo de musiciens du groupe britannique  et post-punk Sleaford Mods qui devrait depuis longtemps être bousillé par la came mais non - ces cinq-là, aujourd’hui, incontestablement, vont mieux (sauf Georges Perros qui est mort, mais peut-on dire qu’il aille plus mal ?).

Comment s’en sont-ils tirés ? C’est ce que vous racontera Sébastien Barrier, en recousant entre elles ces tranches de vie éparses et en les transformant en « Vies » - c’est-à-dire en conférant à ces pauvres mortels le statut de saints,
ni plus ni moins. D’ailleurs, c’est derrière un lutrin (qui débordera de machines musicales et numériques) et sous une croix d’attelle (à laquelle pendouillera un léger voilage permettant de projeter des images animées des élus sus-nommés) que Sébastien officiera, tel un prédicateur habité, exalté par la foi aveugle en de meilleurs lendemains. Vous ferez bien partie de ses ouailles ?

La parole de Sébastien Barrier est un fleuve où la joie et la peine sont à vif.   

La Terrasse