La grisaille des écailles

Ewa, une jeune fille rêveuse et spontanée, décide un jour d’écrire une lettre aux plus adultes qu’elle pour leur demander de se taire. Qu’est-ce qui motive cette insolente missive ? Le fait que les adultes, qui prétendent tout savoir, deviennent muets comme des carpes dès qu’il s’agit de passer à l’acte : alors, autant qu’ils se taisent tout à fait...

Ewa se lancera donc dans la composition de son impudente bafouille sous le regard amusé de Pierre qui, bien que partageant son point de vue, trouve la démarche un tantinet naïve. Mais ça ne l’empêchera pas de souffler dans sa trompette et de bidouiller ses instruments électroniques pour lui donner du baume au coeur, jusqu’à ce qu’Ewa, au comble de l’horreur, découvre que son corps, en grandissant, se couvre des mêmes écailles que celles des carpes tant fustigées...

Ewa (en réalité, la comédienne Louise Kervella) et Pierre (en réalité, le musicien Simon Carbonnel) sont les protagonistes de cette pièce qui commence dans le réalisme le plus décapant pour s’achever dans le fantastique le plus échevelé. Bien évidemment, toute ressemblance entre cette histoire et la mobilisation de la jeunesse actuelle autour de l’urgence climatique n’est pas du tout fortuite. Ni celle entre Ewa et Greta Thunberg qui lâcha cette phrase définitive : « J’en ai assez de vous autres, les adultes, parce que vous chiez sur mon avenir ». Remercions cependant l’auteur Samuel Gallet d’avoir sublimé cette figure inspirante en utilisant un langage beaucoup plus poétique...