Les mécanos de la bacchanale

Que peut-on bien attendre d’une pièce qui s’appelle : aux éclats... ? Des coups ou des actions d’éclat qui rompent avec les habitudes ? Des éclats de rire ? Des éclats de voix ? Des éclats de bois à la suite d’un bris, d’une chute ? Des éclats de caramel pour la crème brûlée ?

Tout cela à la fois (sauf le caramel, dont il n’est pas question ici). Car ce que cherche à faire Nathalie Béasse, de spectacle en spectacle, s’apparente bel et bien à une grosse entreprise de démolition dont le but serait de traquer l’intranquillité de l’être humain, dans un registre où Guignol mènerait la danse avec Buster Keaton et Eugène Ionesco...

Sur scène, vous verrez donc trois bonhommes tomber et se débattre, transcender les obstacles et ruer dans les brancards, s’emberlificoter dans une histoire jonchée de rebondissements et de capilotades. Et quelle histoire, précisément ? Peu nous chaut : car tout ce qui compte, c’est l’entière liberté de jeu dont ce trio burlesque use et abuse. Il faut les voir bouger, danser, balancer les bras et les jambes ou se tripoter les joues (mais uniquement les joues, ce qui vous autorise à venir en famille) dans une incohérence ludique et joyeuse pour comprendre que l’objet de leur quête frénétique n’est peut-être rien d‘autre que la grâce de l’enfance. Oui : qu’est-ce que l’enfance sinon la joie de faire n’importe quoi ? Mais attention : sous les délires les plus extravagants se cachent souvent des peurs profondes, venues du fond des âges. Et sous le rire franc le drame, prêt à surgir comme un éclat...

Un spectacle dans lequel les recommencements multiples sont d’autant plus jouissifs qu’ils résonnent avec le contexte actuel : une invitation à la joie, au rire et au rêve, malgré tout.

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