Le juge et l’assassin
Soulaymann, un jeune banlieusard devenu avocat, a toujours pensé que la lose n’était pas une fatalité, quel que soit son milieu social d’origine. Alors, quand son frère est abattu d’une balle dans le dos par un policier, bien sûr, il en est lourdement affecté, mais ses convictions n’en sont pas pour autant ébranlées. Sauf qu’au tribunal, impuissant, écœuré, Soulaymann assiste à ce qui ressemble à une « parodie de procès ». Très colère, le voici donc qui déboule, l’arme au poing, dans le grand appartement parisien et cossu du juge qui présidait cette cour d’opérette avec la ferme intention de l’occire...
L’occira-t-il ? Non. En tout cas, pas tout de suite - sinon, la pièce serait vite terminée. Avant que le sang ne jaillisse, ce sont les mots qui jailliront : des mots avec lesquels les deux hommes échangeront passionnément sur des sujets aussi vastes que les violences policières, la démocratie, l’éducation ou le palmarès du Real Madrid (non, ni l’un ni l’autre n’aime le football)...
Après le succès de sa pièce À vif, où deux avocats s‘écharpaient autour de la responsabilité de l’État dans la situation désastreuse des banlieues et où il interprétait déjà un professionnel de la défense prénommé Soulaymann, le maître du rap français Kery James revient donc au théâtre avec ce nouvel opus dans lequel il mettra de nouveau les mains dans le cambouis des plus explosifs des sujets de société - en même temps que les pieds dans le plat. Porté par la puissance de son interprétation et par la radicalité de sa plume, À huis clos abordera de front le problème de la « justice à deux vitesses » ; mais vous pouvez être sûr que Kery n’oubliera pas d’y passer la cinquième...