Dans les pas de l’aléa

À l’origine, avant de se déployer dans l’atmosphère chaude et douillette des plateaux de danse, le hip hop se pratiquait dans la rue et se nourrissait de la surprise qu’elle suscitait chez les passants, interloqués par la présence de battles sur les trottoirs qui reliaient leur boulangerie à leur bureau de tabac.
Et puis, plus récemment, la pandémie et toutes les mesures d’isolement qui l’ont accompagnée ont créé chez les artistes (comme chez les non-artistes) un irrépressible besoin de chaleur humaine et de rencontres tous azimuts...

Voilà pourquoi la chorégraphe Jann Gallois, qui vous avait proposé la saison dernière son renversant Reverse, a eu envie de s’extraire du cadre théâtral
et de se replonger avec délice dans le bouillonnement de l’espace public : pour ne pas oublier d’où elle vient (le hip hop) et pour élaborer un moment
de ferveur (pas du tout religieuse), de fraternité (pas du tout monastique) et de communion (pas du tout solennelle) à destination de tous les quidams...

En prenant appui sur l’architecture urbaine, en dansant, en chantant et en se livrant aussi à des improvisations clownesques, cinq interprètes offriront donc aux badauds asphyxiés par leur quotidien et englués dans leur routine une bouffée d’oxygène, une gorgée d’allégresse qui suspendront le temps et réveilleront ce petit quelque chose qui sommeille en eux, tout au fond de leur âme engourdie, qu’on appelle la joie de vivre. Généreuses, spontanées et effervescentes, ces pastilles tout-terrain vous refileront instantanément la pêche (si vous aimez les fruits), la patate (si vous préférez les tubéreuses) ou le sourire (si vous vous souvenez de la soeur dominicaine du même nom)...