Coup pour coup

La gueule de bois, c’est ce qu’on éprouve quand la fête est finie et qu’il faut ranger le salon, ramasser les ordures et passer un coup de serpillière. C’est ce moment de grandes résolutions où l’on décide que plus jamais on ne se saoulera comme ça, qu’on arrêtera l’alcool et puis, tant qu’à faire, la viande et l’huile de palme. C’est ce moment de vérité ultime où, après la débauche, on contemple son visage défait dans le miroir sans la moindre indulgence...

Pourquoi la compagnie Et alors !, qui vous avait proposé il y a deux saisons son sémillant Aux plus adultes que nous, tient-elle aujourd’hui une gueule de bois carabinée ? C’est parce que l’époque actuelle n’est plus aux utopies, que des slogans comme « L’imagination au pouvoir » ou « Soyez réalistes, demandez l’impossible » sont définitivement morts et enterrés et que plus personne n’ose batifoler hors des sentiers battus. Alors, que faire ? Prendre un Doliprane ? Non, monter sur scène comme on monte sur une barricade...

C’est ce que feront les six émeutiers de cette pièce ardente, incandescente, voire incendiaire. Dans un décor en forme d’arène ou d’hémicycle, vous les verrez créer à vue des personnages plus séditieux les uns que les autres et plongerez avec eux dans des fragments de fictions de notre ère, inspirés principalement d’un essai politique publié par un collectif anonyme, intitulé L’Insurrection qui vient. Qu’est-ce qui s’effondre ? Qu’est-ce qui s’affaisse ? Qu’est-ce qui se transforme ? Qu’est-ce qui se rallume ? Voilà les questions brûlantes qu’agiteront ces mutinés du plateau pour vous prouver qu’il est encore possible de rêver et que, sous les pavés, bouillonne encore la rage...