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Les cartes inspirées des artistes du Grand Ensemble

La danse inavouée de Mickaël Phelippeau

« Nous avons conscience qu’une pièce de théâtre, de danse, de cirque, un concert, ça se vit. C’est de l’humain face à de l’humain. Et ce qui nous manque, c’est de nous réunir. »

Pour Mickaël Phelippeau, danser c'est partager une rencontre. D'ailleurs, l'essence de son travail est extraite de rencontres singulières, de personnes qu'il a croisées sur son chemin de danseur et de chorégaphe.

Tandis que les mesures sanitaires insufflent de la distance dans la rencontre avec l'autre, il nous partage son approche de la danse depuis plusieurs semaines et le sens que celle-ci pourrait prendre dans un futur plus ou moins lointain.


 

Ma danse « inavouée » ? Je cherche une définition de l’adjectif « inavouée » dans le dictionnaire : « qu'on ne veut pas déclarer à autrui ou s'avouer à soi-même. » Donc peut-être vais-je la garder pour moi pour le moment.

En cette période de confinement, j’ai ce luxe d’avoir accès à un studio de danse. C’est étrange d’être dans un grand espace vide, que je connais bien pour y avoir répété, pour y avoir présenté des pièces, mais seul cette fois-ci. Le silence y est décuplé, l’espace agrandi.

Cette situation conforte ce que je défends dans le travail depuis plus d’une dizaine d’années. Le point de départ est la rencontre, et c’est à partir de celle-ci que se dessinent les projets, la plupart du temps des portraits chorégraphiques. C’est bien avec les personnes que le processus s’engage et c’est dans cet échange que les projets se développent.

Quel sens cela a t-il de ne pas pouvoir partager cet espace de travail actuellement ?

C’est ça, une histoire de partage. Que partageons-nous ? Comment partageons-nous ? Et comment allons-nous le faire dans un futur plus ou moins lointain ?

J’aime lire en ce moment qu’il faut peut-être faire une pause, que l’intérêt du spectacle vivant, c’est justement qu’il soit vivant et non une consommation à domicile selon les prérogatives de notre gouvernement. Créer du manque. C’est complexe, ça va vite, on veut agir mais peut-être parfois très, voire trop rapidement. Nous avons conscience qu’une pièce de théâtre, de danse, de cirque, un concert, ça se vit. C’est de l’humain face à de l’humain. Et ce qui nous manque, c’est de nous réunir. En tous les cas, cela me manque à moi depuis deux mois.

Par conséquent, dans cette période extraordinaire dans le sens premier du terme, je lis, j’écoute, je parle, j’ai du mal à bosser concrètement dans le studio, mais je me dépense, parfois je crie et je saute dans tous les sens.

Alors, ma danse « inavouée » serait peut-être celle-ci, oui bien peut-être celle de me retrouver seul quand je le déciderai de mon propre chef, ou celle que j’interpréterai avec d’autres une fois que nous pourrons nous toucher à plus de dix personnes sans mesure sanitaire aucune. 

Mickaël Phelippeau

 

Qui est Mickaël Phelippeau ? 

Après une formation en arts plastiques et en danse, Mickaël Phelippeau travaille en tant qu’interprète auprès de nombreux chorégraphes parmi lesquels Mathilde Monnier, Alain Buffard, Daniel Larrieu… Il crée sa compagnie en 2003 et axe alors principalement ses créations autour de la démarche bi-portait, prétexte à la rencontre. Il crée ainsi une vingtaine de spectacles, portraits chorégraphiques nés de rencontres, en solo, Pour Ethan, Avec Anastasia, Juste Heddy, en duo, Ben & Luc… ou en groupe, Chorus et Footballeuses.