Ceci n’est pas une pipe

Au milieu de la scène que bordent les gradins où vous êtes sagement assis se dresse un mât chinois, cet agrès de cirque pas vraiment évident à maîtriser, à moins qu’il ne s’agisse d’une barre de pole dance, cet objet plébiscité par les strip-teaseuses. Mais voilà que s’avance sur la piste un homme aux muscles saillants : l’hypothèse du mât chinois se confirme. Sauf que cet homme possède une poitrine : l’hypothèse du pole dance reprend donc le dessus. Et quand cette créature au sexe indéterminé se mettra à chanter comme Johnny et à se trémousser comme Beyoncé, là, évidemment, vous ne saurez plus trop à quels saints (seins) vous vouer...

Et ce sera bien normal. C’est même le but de cette performance conçue et interprétée par Sandrine Juglair : maintenir l’ambiguïté pour que vous vous perdiez en folles conjectures, autant sur la nature de son sexe que sur la nature du spectacle auquel vous assisterez, un tantinet interloqué...

Parce que Dicklove (titre que l’on n’oserait traduire littéralement ici), ce n’est pas de l’acrobatie, ce n’est pas du clown, ce n’est pas de la danse, ce n’est pas du théâtre : c’est tout cela à la fois. Pourquoi diable choisir ? En jouant sur l’indéfinissable, en défendant l’idée d’une ouverture à tous les possibles et en poussant à son paroxysme l’art de la transgression, Sandrine Juglair fait mieux que (re)poser la question du genre en termes biologiques : elle la transpose sur le terrain de la création. Et démontre, preuve à l’appui, que la création fait toujours exploser les identités qui, depuis les débuts de l’art pariétal, tentent vainement de la circonscrire...

En Mai, fais ce qu'il te plaît !

L'événement "En mai, fais ce qu'il te plaît" est un temps fort scientifique et culturel sur la thématique du genre, ouvert à toutes et tous.
Nourris des réalisations universitaires, scolaires et artistiques, les échanges et rencontres permettent de déconstruire les stéréotypes de sexe, de débattre des inégalités femmes-hommes et des rapports de domination liés au genre. 

Pendant un mois, à l'échelle d'un territoire, 4 acteurs culturels s'emparent de ces différentes thématiques incarnant les expressions plurielles des questionnements liés au genre.