Poutre de magnésie

« Les gens ne font plus rien ensemble » : c’est après avoir dressé ce constat d’une très belle pertinence sociologique que les Urbaindigènes ont décidé de  venir construire, sous vos yeux et en temps réel, un majestueux édifice en bois, une splendide structure architecturale afin de vous prouver qu’on peut encore, à l’ère de l’individualisme triomphant et de l’égoïsme roi, créer des choses les uns avec les autres et goûter aux joies de la collaboration...

Le problème, c’est que cette séduisante et louable entreprise de bricolage ne va pas du tout se dérouler comme prévu : non pas parce que ces adeptes du travail manuel s’y prennent comme des manches (de marteau), ni qu’ils n’y croient pas dur comme fer (de rabot), mais parce que leurs motivations et leurs aspirations diffèrent sensiblement et que toute cette petite clique va vite se retrouver sur les dents (de scie sauteuse). Et comme leurs disputes éclateront sur des pannes, des linteaux, des portiques disposés en hauteur, vous pouvez imaginer les tangages, les roulis, les mouvements pendulaires (voire les bûches mortelles) auxquels leurs corps risquent d’être exposés...

Parce que derrière ces défenseurs du lien social, ces zélateurs du modèle artisanal, ces pourfendeurs du monde informatisé, automatisé et robotisé dans lequel nous vivons, se dissimulent en effet d’authentiques acrobates. C’est donc à une belle suite de performances ahurissantes et de tableaux à couper le souffle que vous invitent ces Urbaindigènes - mais où les sauts, les cabrioles et les voltiges se doublent toujours d’un hommage sincère aux bâtisseurs de cathédrales ou aux ouvriers de la pyramide de Djéser (joint)...

Une construction qui nous relève et nous soulève !   

Les Trois coups