La force du destin

Né en 1970 à Jérusalem, pianiste jusqu’à l’adolescence, Avishai Cohen reçoit une rigoureuse formation classique qui le destine à être le nouveau Chopin. Mais un séjour aux États-Unis avec ses parents vient malheureusement tout foutre par terre : le voilà qui découvre le rock anglais et la basse électrique. De retour en Israël, il perfectionne cet instrument avant de se procurer une contrebasse et retourne aussitôt s’encanailler dans le milieu musical new-yorkais, à fréquenter des clubs de jazz et à se frotter aux esthétiques afro-cubaines. Le sort en est jeté : il peut tirer un trait sur son destin chopinien...

Mais c’est un autre destin, millerien celui-là (adjectif dérivé du patronyme de Marcus Miller, cet immense bassiste adulé du public), qui l’attend. Après un passage remarqué dans deux formations de Chick Corea, Avishai Cohen crée en effet la sienne et séduit sur-le-champ les foules avec ses mélodies entêtantes construites en boucle, ses subtils dégradés harmoniques et ses rythmiques complexes jouant sur des métriques changeantes. Sans oublier un certain goût pour le lyrisme qui s’explique par deux raisons principales : un attachement profond à ses racines juives sépharades et sa découverte précoce du répertoire classique (qui, au final, n’aura donc pas servi à rien)...

Accompagné du pianiste azerbaïdjanais Elchin Shirinov et de la batteuse israélienne Roni Kaspi, le phénomène Cohen vous présentera donc son jazz éclectique et métissé, spectaculaire et envoûtant avec ses motifs répétitifs menant parfois jusqu’à la transe - une musique qui, reconnaissons-le, vaut bien celle du franco-polonais entiché de George Sand et des îles Baléares...

Avishai Cohen ne cesse d’explorer les possibles, de brouiller les pistes et de briser les barrières.

Radio France