À l’ancre bleue

Jaillissant de la source de la Breg avant d’aller se jeter trois mille kilomètres plus loin dans la Mer Noire, le plus grand fleuve d’Europe qu’est le Danube traverse ou longe dix pays parmi lesquels l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et la Roumanie. Or, il se trouve que c’est en Allemagne que naquit Johannes Brahms, que c’est en Autriche-Hongrie que Béla Bartók poussa son premier cri et que c’est en Roumanie que György Ligeti goûta au lait  de sa maman...  

Au fil du Danube n’est donc pas une longue croisière fluviale organisée par votre scène nationale reconvertie en agence de voyages touristiques, mais un concert symphonique offert par l’Orchestre National des Pays de la Loire sous la baguette du chef Roberto Forés Veses (qui n’a aucun lien de parenté avec le présentateur de N’oubliez pas les paroles) et au programme duquel figurent quatre œuvres emblématiques des trois compositeurs susnommés.

Pour Brahms, ce sera deux Danses hongroises qui stylisent admirablement la musique populaire tzigane (le malicieux Johannes n’ayant jamais hésité à piquer des mélodies aux communautés roms peuplant l’Europe de l’Est) ; pour Ligeti, ce sera son Concert românesc qui sublime magnifiquement la musique populaire roumaine (le roué György n’ayant jamais hésité non plus à piocher dans les rengaines de la paysannerie locale) ; et puis, pour Bartók, ce sera son Concert pour violon n° 1 et son Mandarin merveilleux (qui, lui, ne pille aucun folklore chinois). Mais qu’importent les emprunts plus ou moins avoués de nos trois lascars puisque l’Orchestre National des Pays de la Loire  ne cherchera jamais, lui, durant ce trip aquatique, à vous mener en bateau...