Au nom de la voix

Qu’elle soit prise en otage par les sondages à chaque échéance électorale, écrasée par le discours des experts qui pullulent dans l’arène médiatique, instrumentalisée par l’économie des talk-shows télévisuels ou disséminée dans les réseaux sociaux qui n’ont pas grand-chose de social en-dehors de leur nom, force est de constater que la voix du citoyen lambda a aujourd’hui un peu de mal à émerger et à exister en tant que telle dans l’espace public.

Évidemment, Polis ne résoudra pas cette crise de la parole citoyenne dans la cité, mais permettra au moins à cette parole de se faire entendre le temps d’un spectacle, ce qui n’est déjà pas si mal. Et comment ? Avec un panneau d’information lumineux, des casques que vous pourrez river à vos organes responsables de l’ouïe et, surtout, quatre interprètes enfermés à l’intérieur d’un container vitré, tels des guppys ou des néons bleus dans un aquarium...

Pour participer à cette expérience de libération de la parole nettement plus efficace qu’une séance de psy, il faudra d’abord vous inscrire sur le « tchat » local de la compagnie au moyen de votre téléphone portable. Puis un tirage au sort désignera l’heureux élu qui aura le droit de s’asseoir dans un fauteuil et d’échanger, via un micro, avec les comédiens cantonnés dans leur bocal autour de la notion de bonheur. Quant aux participants lésés par le destin, ils pourront toujours réagir aux propos du vainqueur en publiant directement des messages sur le panneau d’information. Grâce à ce dispositif qui tient à la fois du jeu interactif, de l’attraction foraine et de la maïeutique socratique, vous deviendrez les acteurs de ce Polis - mieux que ça, de votre propre vie...