Réincarnations

Comme vous le savez sans doute, les fanfares jazz ou marching bands sont une spécialité de la Louisiane, au même titre que le gumbo et le jambalaya. Et comme vous le savez sans doute moins, le locking et le waacking, nés au début des années 70 à une époque où le racisme envers les personnes de couleur était encore pire qu’aujourd’hui, sont des apports caractéristiques de la street dance californienne. Mais quel est le point commun entre ces deux pratiques artistiques ? C’est simple : l’une comme l’autre se déroulent dans l’espace public devenu « scène ouverte » et permettent au peuple noir d’affirmer son identité, d’exhiber sa fierté, de se réapproprier son histoire...

C’est la raison pour laquelle la chorégraphe Sandra Sainte Rose Franchine a eu l’irrésistible envie d’organiser une grande parade, musicale et dansée, à travers les rues du Mans qui, pour un temps, ressemblera bien davantage à la Nouvelle-Orléans ou à Los Angeles qu’à Nantes ou à La Roche-sur-Yon. Mais uniquement avec des femmes puisque - intersectionnalité oblige - les oppressions de race s’articulent forcément avec les oppressions de genre...

Ce seront donc trente femmes noires, flamboyantes et puissantes, qui se déhancheront devant vos portes au son des grosses caisses, des cymbales, des trompettes et des saxophones. Trente femmes noires aux habillements bigarrés (en hommage à l'excentricité des années 80) qui tourbillonneront sous vos fenêtres au rythme endiablé du funk et de la soul. Trente femmes noires qui feront swinguer la pluralité des identités qui se cachent sous leur peau et qui vous démontreront que le noir est tout sauf la couleur du deuil...