Les vestiges du jour

Contrairement aux Brothers in arms de Dire Straits, le Brother du plus intéressant des chorégraphes portugais n’est pas parti faire la guerre dans des montagnes embrumées qui finiront par devenir sa dernière demeure ; ou alors c’est d’une autre guerre qu’il s’agit, beaucoup moins meurtrière, qui consiste à traquer les relations de complémentarité qui existent dans un groupe et à mettre à jour les pratiques ancestrales qui se sont transmises de génération en génération pour perdurer et persister dans les corps d’aujourd’hui.

En effet, les sept interprètes qui forment ce régiment-là auront pour mission d’inventer la danse urbaine la plus contemporaine qui soit, mais sans jamais cesser de construire des ponts flottants et des passerelles mouvantes entre le présent et le passé. Brother est donc hanté par les notions d’héritage et de mémoire (comme le soldat de Mark Knoppfler qui, en plein baptême du feu, ne peut s’empêcher de repenser aux vallées de l’Écosse qui l’a vu naître)...

Entre brother et bother, il n’y a qu’un pas, ou plutôt qu’une lettre. L’autre mission de ce bataillon ibérique résidera justement dans la recherche d’une pulsation commune, d’une force collective qui anime ces corps pourtant bien distincts ; et c’est peut-être dans leur fragilité assumée que cette force trouve sa source. Désolé, mais c’est exactement comme ça que se finit la chanson de 1985 qui, décidément, aurait eu toute sa place dans la BO de cette pièce...